Augmentation très préoccupante des cas de cancer du sein chez les jeunes femmes.
« Auparavant, nous ne voyions jamais de femmes d'une vingtaine d'années atteintes d'un cancer du sein »
Alors qu'une nouvelle analyse a démontré une hausse alarmante des cas de cancer du sein chez les jeunes femmes, les experts disent ne rien comprendre au phénomène.
Selon la docteure Jean Seely, qui est la cheffe de la section d’imagerie mammaire à L’Hôpital d’Ottawa et professeure à l’Université d’Ottawa, les cas de cancer du sein ont considérablement augmenté auprès des jeunes femmes.
En effet, selon ce qu'a indiqué la docteure Seely, la hausse est de 45 % pour les femmes dans la vingtaine, de 12,5 % pour les femmes dans la trentaine et de 9 % pour les femmes dans la quarantaine.
La docteure Seely a expliqué à Noovo Info: «Dans mon cabinet, je vois de plus en plus de jeunes femmes atteintes d'un cancer du sein. [...] Auparavant, nous ne voyions jamais de femmes d'une vingtaine d'années atteintes d'un cancer du sein, et aujourd'hui, cela se produit régulièrement. C'est très effrayant.»
Afin d'arriver à une analyse juste, la docteure Seely s'est donc intéressée aux cas de cancers du sein sur une période de trente-cinq ans. En adoptant cette approche, la spécialiste a ainsi pu arriver à déceler des tendances en matière de détection chez les jeunes femmes au pays.
La docteure Seely a rappelé que les cas de cancer du sein chez les jeunes femmes sont souvent diagnostiqués à des stades plus avancés: «Souvent, mes patientes ne peuvent pas y croire, et la plupart du temps elles me disent, "je suis en bonne santé, je fais de l'exercice, je n'ai aucun facteur de risque, pourquoi est-ce que ça m'arrive?". Et dans ma pratique courante, je dois leur expliquer que ce n'est pas parce que nous pensons qu'elles ont fait quelque chose de mal. Nous ne comprenons pas ce qui se passe.»
Même si plusieurs hypothèses sont évoquées, les spécialistes n'arrivent pas à expliquer ce bond de cas.
La docteure Seely tente de déterminer s'il y a une corrélation avec des changements au mode de vie ou au début plus hâtif des menstruations.
La spécialiste a précisé: «Mais de nombreuses femmes ne présentent aucun de ces facteurs de risque et nous constatons tout de même cette augmentation. Nous ne pouvons donc qu'imaginer qu'il doit y avoir un facteur environnemental ou, vous savez, nutritionnel qui augmente le risque.»
Selon la docteure Seely, cette étude devrait sensibiliser les femmes de 20, 30 ou 40 ans à la réalité qu'elles peuvent avoir un cancer du sein. La spécialiste a d'ailleurs fait remarquer qu'il faudra aussi «dissiper le mythe que c'est associé à la vieillesse».
Enfin, la docteure Seely a conclu en invitant la population à ne pas paniquer pour autant: «L'incidence demeure très faible chez les jeunes femmes. On ne veut pas alarmer les gens. Mais si une femme constate un changement dans son sein, elle devrait vraiment s'en occuper. Et si son médecin de famille ne demande pas d'examen plus avancé, elle devrait vraiment insister.»