Hélène Desputeaux, la créatrice de Caillou, lance un puissant cri de coeur sur Facebook
Elle dénonce une situation qu'elle trouve très injuste
Hélène Desputeaux, celle qui a créé le mythique personnage de Caillou, a effectué une sortie publique afin de dénoncer une situation extrêmement injuste.
Le personnage de Caillou a marqué l'imaginaire de millions de personnes à travers la planète, or bien des gens ignorent que l'histoire derrière ce personnage adorable s'est transformée en réelle saga judiciaire.
La saga en question, qui dure maintenant depuis des décennies, avait mené à l’arrêt Desputeaux de 2003 de la Cour suprême du Canada qui statut qu’en matière de droits d’auteur les droits moraux et patrimoniaux sont dorénavant imbriqués.
Par la suite, Hélène Desputeaux avait concédé en 2005 aux éditions Chouette une licence pour produire leur plagiat ainsi que l’autorisation de substituer son illustration par une image plagiée comme marque de commerce, or la marque ne concerne que le plagiat et elle n’est pas opposable à l'œuvre et aux droits de l'artiste.
Cela n'a toutefois pas empêché les éditions Chouette de célébrer le 25e anniversaire de Caillou en modifiant la marque, et ce, sans en informer sa créatrice et sans son autorisation.
Le cauchemar d'Hélène Desputeaux semble vouloir se poursuivre, car voilà que l'artiste a récemment appris que «que les éditions Chouette ont, encore, été vendues et /ou fusionnées, il y a plusieurs mois, à un éditeur supposément montréalais et parfaitement inconnu».
Maintenant, voici le texte complet qui a été publié par Hélène Desputeaux:
«Lorsque je dis depuis des années que, concernant Caillou et mon oeuvre, on m’ignore totalement, on fait comme si je n’avais jamais existé…
Je viens d’apprendre, par hasard, que les éditions Chouette ont, encore, été vendues et /ou fusionnées, il y a plusieurs mois, à un éditeur supposément montréalais et parfaitement inconnu! L’annonce de cette acquisition aurait eu lieu en octobre 2023 à la foire du livre de Francfort… en présence, je suppose, du «gratin», de la «crème» généreusement subventionnée de notre belle industrie du livre canadien et de ses fonctionnaires! On y annonce alors fièrement collaborer à une nouvelle production 3D de Caillou… une production 3D réalisée à partir de mon œuvre, sur laquelle j’ai tous les droits, sans que j’en soit informée et sans que j’en ai donné l’autorisation!
D’ailleurs, jamais je ne suis nommée dans ces communications. Je n’existe pas!
On souhaite simplement se remplir les poches en produisant de nouvelles cochonneries à partir de mon œuvre!
C’est totalement dégueulasse!
En octobre 2023? Il y a 9 mois maintenant? Je comprends mieux aujourd’hui les regards étonnés et les surprises clownesques de certains membres de cette confrérie de l’édition en constatant que j’étais encore là, sur mon stand de desputeaux+aubin, aux derniers salons du livre de Montréal et de Québec! Quelle hypocrisie!
Les éditions Chouette/Héritage ont, donc, encore, été vendues et /ou fusionnées…
Ce même éditeur qui, il y a quelques années, aurait déjà été supposément vendu à un faiseux de figurines en plastique. Ce faiseux serait devenu multimillionnaire en produisant, sans m’en informer et sans mon autorisation, des jeux et des peluches dérivés de mon œuvre.
Ce même éditeur qui m’a odieusement humiliée en contestant devant la Cour supérieure mon statut d’artiste professionnel pour ne pas avoir à rendre de compte et me payer mes droits sur mon œuvre: Caillou
Je ne pouvais pas être une artiste: j’étais enseignante au pré-scolaire!
Ce même éditeur qui m’a, avec le soutien de toute une industrie et de généreuses subventions, trahie, plagiée, insultée, intimidée, harcelée, jetée et remplacée par des employés plagiaires et une insignifiante mascotte dans l’espoir de m’effacer, me faire disparaître.
Les éditions Chouette/Héritage, cet éditeur contre qui j’ai passé plus de 20 ans à défendre, seule, mes droits, mon nom, mon œuvre.
Et pendant tout ce temps, j’en ai vu passer de la merde, sans qu’on m’informe de quoi que ce soit, sans qu’on me demande aucune permissions concernant le tripotage de mon œuvre. Cette multitude de produits dérivés, ces trop nombreux noms de compagnies, en commençant par Cinar&cie et toutes les autres venant participer à cette grande braderie internationale dans l’espoir d’y faire quelques millions, se remplir les poches rapidement en tripotant, en produisant des cochonneries à partir de mon œuvre…
Et voilà maintenant cet obscur éditeur qui aurait acquis Chouette!
Pourtant, pourtant…
Je suis la créatrice de Caillou et de la totalité de l’univers graphique qui l’entoure.
J’ai créé les parents et grands-parents de Caillou. J’ai créé le chat de Caillou… un chat que l’on retrouve dans l’ensemble de mon œuvre. J’ai créé spécifiquement pour la série télé les amis de Caillou et c’est moi, uniquement moi, qui a donné le caractère et la particularité raciale. Ainsi, s’il y a une dimension «multiculturelle» dans cette triste série c’est uniquement grâce à moi, à ma création!
J’ai créé pour la série la maison de Caillou et son décor dont certains éléments ont été pillés ailleurs dans mon œuvre!
Toutes ces créations, mes créations, n’appartiennent pas aux éditions Chouette.
Puis Cinar, après avoir obtenu tout ce qu’il voulait, m’a jetée.
Puis, les éditions Chouette ont engagé des illustrateurs infographistes avec pour mandat de plagier mon œuvre et produit cette insignifiante mascotte pour me faire disparaître, m’intimider et me harceler!
J’ai plusieurs fois porté plainte auprès des différents subventionneurs et essayé de raconter mon histoire. Les réponses: «ferme-la et retourne à ta table à dessin» « nous, on croit l’éditeur… tes plaintes on les fout au panier! » « on t’en a assez donné « « ton histoire est trop compliquée… » «c’est pas assez spectaculaire! » « c’est pas grave t’es millionnaire»
«T’es ben chanceuse d’avoir des droits» «Diva!» «t’es pas assez gentille» «hystérique» etc …
Et les rares journalistes qui ont osé parler de mon histoire, leurs reportages ont presque tous été censurés…
S’il y avait eu une véritable indépendance et un véritable courage journalistique, toutes ces choses, et bien plus encore, auraient été entendues et vues lors du premier procès … qui prendra fin par un jugement en 2005!
Le public avait droit et a encore le droit d’être informé. D’autant que c’est lui, ce public, qui est trompé et qui, sans le savoir, avec ses impôts et ses taxes, finance toutes ces violations de mes droits, toute cette violence que je subis.
Reste donc ce jugement de 2005 de la Cour supérieure.
Jugement déclaré clair et exécutoire en 2018 toujours par la Cour supérieure.
Ce jugement de 2005 statut sur plusieurs choses de façon claire et exécutoire.
Il y a d’abord l’article 1. Ce fameux paragraphe que l’industrie de la culture d’ici refuse d’entendre, de prendre acte. Ainsi, non seulement on refuse d’entendre mes plaintes, mais on refuse de prendre acte d’un jugement de la Cour…
« Héléne Desputeaux reprend les textes et les illustrations qu'elle a conçus en vertu de ses diverses ententes P-2 (ci-aprés les textes et illustrations) (cote au dossier de la Cour no 500-05-037042-973). Christine L'Heureux et/ou Chouette ne prétendent à aucun droit d'aucune façon sur les textes et illustrations de Hélène Desputeaux, titulaire unique des droits sur ses textes et illustrations (…) »
Je suis donc, de façon claire et exécutoire, titulaire unique des droits sur mes œuvres… J’ai tous les droits et L’Heureux et/ou Chouette ne prétendent à aucun droit… et il faut lire et comprendre en lien avec l’arrêt Desputeaux de 2003 de la Cour suprême du Canada qui statut qu’en matière de droits d’auteur les droits moraux et patrimoniaux sont dorénavant imbriqués. J’ai tous les droits, moraux et patrimoniaux, sur mon œuvre! Du simple petit gribouillage à l’illustration originale!
Il y a cet article concernant une marque prise sur une de mes illustrations hors de ma connaissance et sans mon autorisation. Marque découverte alors que j’étais devant la Cour et qui a fait l’objet de plusieurs plaintes: « Quant à sa marque de commerce prise par Chouette et comportant à ce jour une illustration conçue par Hélène Desputeaux, Chouette substituera à cette illustration de Hélène Desputeaux une illustration non-Desputeaux (par référence à l'expression utilisée par les parties pendant les auditions devant la Cour) en guise de marque de commerce. »
Au-delà du fait que cet article confirme la prise d’une marque de commerce, il confirme surtout le plagiat de mon œuvre. L’expression « illustration non-Desputeaux » fait référence à la manière dont l’expert Charles Perraton, chargé d’analyser l’évolution de mon œuvre et de constater le plagiat et l’appropriation faits par Chouette, a nommé le plagiat fait par Chouette dans son rapport déposé devant la Cour. Ainsi, devant le refus de recevoir mes plaintes concernant le plagiat de mon œuvre et constatant que le soutien de Chouette s’accentuait suite à celles-ci, pour sortir de cet interminable et odieux dossier juridique, j’ai concédé en 2005 à Chouette une licence pour produire leur plagiat ainsi que l’autorisation de substituer mon illustration par une image plagiée comme marque de commerce.
Cette marque ne concerne que le plagiat. Elle n’est pas opposable à mon œuvre et à mes droits.
Cette marque a été à nouveau modifiée, sans mon autorisation et sans que j’en sois informée, autour des années 2015 pour souligner, sans droits et avec le soutien de tout le milieu culturel incluant certains médias, le 25ème anniversaire de la création de mon œuvre, mon Caillou à moi! Depuis, cette marque est constamment utilisée en opposition à mes droits et pour prétendre à des droits que Chouette n’a pas.
Et finalement, pour ne citer que trois articles du jugement, il y a celui-ci qui statut le fait que je suis totalement libre: « Hélène Desputeaux utilisera ses textes et ses illustrations avec ou sans le nom de Caillou sans rendre compte à Chouette et/ou Christine L'Heureux et libre de tout droit, charge ou redevance pour l’hypothèse de l'utilisation du nom Caillou. »
Je suis libre, non seulement en vertu des lois en vigueur, mais surtout parce que c’est inscrit, de façon claire et exécutoire, dans un jugement! Malgré tout, tout est fait, avec le soutien d’industries culturelles, leurs membres et de généreuses subventions, pour que je ne puisse pas profiter de cette liberté. Cabale, collusion, concurrence déloyale font que je suis la menteuse, l’ingrate et l’hystérique qu’il faut faire disparaître! J’ai ainsi perdu au fil des années des distributeurs ici et en France ainsi que plusieurs collaborations… et le public qui peine encore et toujours pour se procurer mes albums!
Malgré tout, je suis encore là, 35 ans après la création de mon petit bébé Caillou à moi!
Mon bébé Caillou, j’y ai donné forme, je l’ai gribouillé, esquissé et créé au printemps 1989…
Et personne ne m’a dit quoi faire et/ou tenu la main… j’ai simplement fait du Desputeaux!
Je souhaite seulement être libre et reprendre enfin le contrôle de mon œuvre.
J’espère encore me détendre dans ma création et retrouver ce plaisir indescriptible de créer, à ma table à dessin, pour la petite enfance…
Et là, apprendre cette nouvelle qui me bouleverse.
Simplement à vomir…»
Voici la publication originale de Mme Desputeaux:
Cette histoire rappelle malheureusement les mésaventures de l'illustrateur Claude Robinson avec son personnage Robin Curiosité qui avait été illégalement plagié par Christophe Izard.
M. Robinson avait alors été mêlé à un long combat judiciaire qui s'était étendu de 1995 à 2013.
Souhaitons que le cri du coeur de Mme Desputeaux soit enfin entendu.